José Mário Branco change de vie

José Mário Branco.
José Mário Monteiro Guedes Branco, plus connu sous le nom de José Mário Branco, décédé aujourd’hui [19/11/2019], à 77 ans, est l’un des plus importants musiciens portugais, il laisse cinquante années de musique d’intervention et militante.

Né le 25 mai 1942, à Porto, José Mário Branco a été un rénovateur de la musique portugaise, en particulier à partir des années qui ont précédé la Révolution d’avril 1974. Il s’est également exprimé à travers le cinéma, le théâtre et l’action culturelle.

Militant communiste, il s’oppose à la guerre coloniale et sera obligé de s’exiler en France en 1963, pour échapper à la PIDE. Il ne rentrera au pays qu’après la chute du régime dictatorial.

En France, il a vécu intensément les événements de mai 68 et, cinquante ans plus tard, dans un entretien à l’agence Lusa, José Mário Branco a rappelé que, en ces temps d’exil, il avait parcouru le pays pour « divertir et encourager » les travailleurs qui occupaient des écoles, des fabriques, des quartiers et des places, avec d’autres chanteurs portugais et des artistes français.

« Et c’est à partir de là que les autres artistes portugais et moi-même avons commencé à sortir de notre coquille d’exilés, et avons connu beaucoup d’artistes français et d’autres nationalités. De ces rencontres sont nées des affinités artistiques », rappela le musicien, citant notamment la coopérative artistique Groupe Organon, avec qui il a enregistré.

En 1982, il a édité l’un de ses plus célèbres morceaux, FMI, un monologue de près de vingt minutes enregistré au Teatro Aberto, dans lequel, accompagné à la guitare acoustique et à la flûte, il récite et chante un texte écrit durant une nuit de février 1979.

« J’assume entièrement tout cela, mais heureusement je ne suis plus dans le même état où je me trouvais à l’époque, j’ai muri. J’ai la même attitude radicale et organique, mais c’est une émotion plus sereine », avait-il déclaré à la Lusa.

« Je venais de me faire mettre à la porte du Teatro da Comuna et on vivait encore un reflux du PREC [Processus Révolutionnaire En Cours] ».

En 2017, José Mário Branco a fêté ses 50 ans de carrière en évoquant ses premières chansons, Seis Cantigas de Amigo (1967) ; Mudam-se os Tempos, Mudam-se as Vontades (1971) ; Margem de Certa Maneira (1973)…

Son dernier album, Resistir é Vencer, date déjà de 2004, mais l’artiste est resté toujours actif du point de vue militant et a collaboré avec d’autres musiciens comme Sérgio Godinho et Fausto Bordalo Dias. En 2007, il a participé au spectacle Canções pelo Iraque, contre l’invasion nord-américaine avec Jorge Palma, Paulo de Carvalho, Pedro Abrunhosa et Carlão.

Ces dernières années il a résisté à présenter des spectacles car il se sentait comme une pièce de musée sur la scène, chantant ses classiques qui ont vingt ou trente ans à des personnes allumant des briquets et des portables…

José Mário Branco, qui a grandi entre Porto et Leça de Palmeira, était diplômé en histoire et linguistique, avait fondé le GAC (Groupe d’Action Culturelle), a fait partie de la compagnie de théâtre A Comuna, a créé le Teatro do Mundo, l’Union Portugaise d’Artistes et Variétés et a été distingué à deux reprises avec le prix José Afonso.

En 2013, Nelson Guerreiro et Pedro Fidalgo lui ont consacré un documentaire, Mudar de Vida.

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