Le Carnaval de Loulé

Depuis quelques années, avec l'émigration brésilienne, les belles danseuses dénudées ont fait leur apparition. Photo Luís Forra/Lusa.
Ces Français résidant dans différentes villes de l'Algarve conçoivent leur intégration dans la vie locale par leur participation active à la fête. Photo José Guerreiro/Luso.fr
Les chars allégoriques rendent hommage aux personnages nationaux et internationaux. Le roi Ronaldo et la reine mère ne pouvaient être absents. Photo Luso.fr.
Merkel et Centeno. Photo Luso.fr.
Obama, angélique, et Trump, sur son mur diabolique, plus vrais que nature. Photo Luso.fr
Le Carnaval de Loulé, qui se déroule chaque année vers la mi-février, est l’un des plus anciens du pays, depuis quelques années les danseuses brésiliennes ont fait leur apparition, mais les chars traditionnels et leurs caricatures restent toujours d’actualité : hommes politiques nationaux et internationaux, tels que le Premier ministre, le président Marcelo, l’opposition, Merkel et bien sûr Trump, dont le caricaturiste n’a pas eu vraiment besoin de forcer le trait.

La fête attire un public de plus en plus nombreux, venu de tout l’Algarve mais aussi de plus loin. Si les Portugais sont majoritaires, les Français – nouveaux résidents et touristes – cette année sont venus en force et en groupes, sans oublier les Anglais, les Espagnols ou les Allemands.

Le premier Carnaval de Loulé sous sa forme actuelle a été créé en 1906, il s’appelait alors le Carnaval Civilizado, en opposition aux éditions antérieures qui relevaient pratiquement du combat de rue et donnaient lieu à beaucoup de débordements, comme le rappelle Luís Guerreiro dans sa Breve História do Carnaval de Loulé : « on jetait des oranges sur les passants, des œufs pourris, du mais, des haricots et toutes sortes de liquides… ». Bien sûr, au milieu de tout cela il y avait aussi de l’invention, de la poésie, de beaux masques, de l’humour et des groupes de musique.

L’utilisation des masques ainsi qu'une importante consommation de vin, amenaient certains à commettre des excès, ou profiter de la situation pour régler des comptes. Cela prit de telles proportions que la maréchaussée finit par interdire les masques certaines années.

Les journaux de l’époque ne donnaient pas une image très positive de ce type d’événements, toujours qualifiés de tristes, monotones et ennuyeux. En revanche, les bals qui avaient lieu en même temps étaient bien plus appréciés et recherchés, on y dansait jusqu’au petit matin.

En 1905, après un séjour d’études de deux ans à Anvers, le jeune José da Costa Guerreiro est de retour dans la ville où il sera maire trente ans plus tard et y fait l’éloge des fêtes que l’on réalise dans la ville belge. Le propriétaire du café Barbozinha, situé Praça da República, Ventura de Sousa Barbosa – toujours à l’affut de nouvelles idées – l’écoute avec attention. Après quelques temps de réflexion, il propose la réalisation d’un carnaval décent. L’idée est bien accueillie par les Louletanos et l’année suivante naîtra le Carnaval de Loulé, qui connaîtra un énorme succès.

Au programme de cette nouvelle version festive, il y avait du théâtre, une bataille de fleurs et un Bodo aos Pobres [distribution de biens alimentaires et autres aux plus démunis]. La principale caractéristique de ces fêtes était, au-delà du divertissement, le principe de nature philanthropique subjacent : aider les plus nécessiteux avec les recettes engrangées. Malheureusement, le Bodo aos Podres prendra fin rapidement en raison des tristes scènes auxquelles il donnait lieux.

Toujours selon Luís Guerreiro, en 1926, c’est la Santa Casa da Misericórdia qui assume la responsabilité de l’organisation de la fête et utilisera les recettes pour le développement de l’hôpital de la ville.

Le Carnaval de Loulé et sa bataille de fleurs commençait à faire parler de lui dans tout le pays et même à l’étranger, chaque année les visiteurs étaient plus nombreux et les exigences allaient de pair. La nécessité de créer des commissions chargées de coordonner l’événement s’est imposée.

Les chars allégoriques, initialement présentés par des particuliers, seront coordonnés par les membres de la commission, eux-mêmes en charge des Carros da Comissão. Les villages du territoire de Loulé commencent également à se prendre au jeu et y participent avec leurs propres chars, qui sont souvent le lieu de revendications locales.

Les entités officielles décident de soutenir le Carnaval de Loulé, lui attribuant des subventions et d’autres facilités et, à partir de 1977, la Câmara Municipal [mairie] assume la responsabilité de l’organisation de l’événement, qui prend des caractéristiques touristiques et devient l’une des principales fêtes de l’Algarve, en cette période de l’année, avec des répercussions très positives sur l’économie locale et régionale, en raison du grand nombre de visiteurs qu’il attire.

Source principale : Jornal de Carnaval, de Luís Guerreiro.

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