Gungunhana aux Açores

Gungunhana, le dernier empereur de Gaza.
De gauche à droite, Gungunha, son fils Godide, son oncle et conseiller Molungo, et le chef tribal Zixaxa, le jour de la baptême. Photo Wikimedia (auteur inconnu).
Le dernier empereur de Gaza, Gungunhana, a passé les dix dernières années de sa vie à Angra do Heroísmo, sur l’île Terceira, où il a été traité avec dignité, selon l’historien Jorge Forjaz.

« Le mot humiliation a pris fin lorsque Gungunhana [et trois autres prisonniers] ont été remis aux autorités de l’île. Au moment de leur entrée au château, ils sont devenus des prisonniers de guerre selon les règles », a expliqué à l’agence Lusa l’historien, en marge d’une conférence organisée par la municipalité fin juillet, à l’occasion du 123e anniversaire de l’arrivée du roi africain.

L’empereur de Gaza [Mozambique] a été capturé par Mouzinho de Albuquerque en raison de son opposition à l’occupation coloniale portugaise, en 1895, et a été détenu pendant trois mois à Monsanto, jusqu’à son départ pour la Fortaleza de São João Baptista, aux Açores. Il était accompagné de son fils Godide, son oncle et conseiller Molungo et Zixaxa, le chef d’une tribu qui avait attaqué Lourenço Marques [aujourd’hui Maputo], et qui a encore des descendants sur l’île.

Selon le conservateur du Forte de Maputo, Moisés Timba, Gungunhana a été « enchaîné et traîné » jusqu’à l’embarcation qui l’emmènerait à Lisbonne, mais ce ne sera pas l’unique humiliation qu’il connaîtra : présenté comme « un trophée de guerre », il a été obligé de se séparer des sept femmes (sur plus de 300 qu’il possédait), qui l’avaient accompagné jusqu’à la capitale portugaise, lors de son transfert dans l’archipel.

Jorge Forjaz ajoute que selon les journaux de l’époque, le 27 juin 1869, les quatre prisonniers ont parcouru les principales rues d’Angra do Heroísmo, depuis le quai jusqu’à la forteresse, pieds nus et habillés de vieux vêtements.

« L’humiliation a pris fin au moment où ils sont passé du domaine du pouvoir national à celui du pouvoir local », explique l’historien, qui rappelle qu’à Lisbonne la presse critiquait le gouvernement en raison du traitement infligé aux captifs et aux Açores on demanda qu’ils soient reçus « avec compassion », ce qui finira par se produire.

D’après l’historien, on sait peu de choses sur la vie quotidienne de Gungunhana, mais parmi les occupations des quatre prisonniers, il y avait la chasse aux lièvres et la construction de paniers de bambou, dont certains ont été conservés sur l’île.

« Ils n’étaient pas enfermés. Ils étaient libres de leurs mouvements, mais la nuit ils retrouvaient leur geôle » poursuit Jorge Forjaz.

Trois ans après leur arrivée sur l’île, les quatre Africains ont été baptisés, avec des parrains et des témoins liés aux plus hautes institutions d’Angra do Heroísmo (mairie, gouvernement civil, lycée, capitainerie) et ils ont bénéficié d’une cérémonie digne d’enfants royaux.

Le dernier empereur de Gaza s’est éteint dix ans après son arrivée dans l’île, mais Zixaxa, a eu deux enfants, dont un est décédé en bas âge, et vivent encore à Terceira, trois de ses arrières-petits-enfants.